Publié le 21/05/2010

Intervention du Général Robert de Crémiers devant le bureau de l’AFE

Intervention du Général Robert de Crémiers devant le bureau de l'AFE

Le Général Robert de Crémiers est le directeur du Service national au Ministère de la Défense. C’est à ce titre qu’il est intervenu le 21 mai 2010 sur le sujet de la JAPD (Journée d’appel de préparation à la défense)

INTERVENTION DU GENERAL DE DIVISION ROBERT AUGIER DE CRÉMIERS, DIRECTEUR DU SERVICE NATIONAL, AU SUJET DE L’EVOLUTION DE LA JOURNEE D’APPEL DE PREPARATION A LA DEFENSE

Monsieur le Général de division Robert AUGIER de CRÉMIERS, Directeur du service national

Merci beaucoup.

Je voulais remercier les deux conférenciers précédents d’avoir chauffé la salle. Manifestement, ils y sont bien parvenus.

Effectivement, c’est un plaisir pour moi d’intervenir sur la JAPD suite à l’invitation de Monsieur Denis FRANÇOIS et, je crois, via Monsieur DEMARQUIS de la Direction des Français de l’étranger.

Je suis le Directeur du service national. La Direction du service national a deux missions génériques qui consistent en la mise en œuvre de la JAPD et en la gestion des archives individuelles des Français qui ont servis sous les drapeaux d’une façon ou d’une autre, mais aussi des étrangers qui ont servi en tant que Français et notamment des Africains d’Afrique Centrale ou d’Afrique du Nord. Je gère, à ce titre-là, 80 millions de dossiers individuels. Cela a l’air assez neutre, mais les 80 millions d’archives individuelles ne sont pas des archives mortes. Ce sont des archives vivantes puisque nous répondons à 3 000 sollicitations individuelles par jour de personnes qui nous demandent en général des certificats de blessures, des certificats de pension, des certificats d’état des services militaires, en particulier au moment où elles liquident leurs retraites.

Je vous le dis en insistant un tout petit peu, car nous avons des étrangers qui ont servi à titre français et qui sont donc des ayants droit. Nous avons donc beaucoup de sollicitations, en particulier de tous les anciens tirailleurs Sénégalais ou pas qui nous écrivent pour faire valoir leurs droits et en particulier qui ont beaucoup écrit au moment de la décristallisation des pensions.

Je clos ce sujet, mais je répondrai, bien entendu, tout à l’heure aux questions, si vous en avez et si j’en suis capable.

La JAPD, comme vous l’avez dit Monsieur le Président, c’est maintenant 11 ans d’expérience que nous avons. En 2009, nous avons passé 760 000 jeunes en JAPD en métropole et à l’étranger. Au bout de 11 ans, cela nous fait la bagatelle de 8 millions de jeunes qui sont passés à la JAPD. Il faut savoir que maintenant dans l’armée, les capitaines et les commandants ont fait leur JAPD et n’ont plus été de la génération qui faisait son service miliaire. Donc, le temps passe vite.
La plupart d’entre vous connaissent le dispositif de la JAPD à l’étranger donc, je n’y reviens pas. D’autant plus que vous êtes amenés, vous Assemblée, à vous prononcer sur les évolutions que vous souhaitez puisque cette mission de mise en œuvre de la JAPD est confiée au ministère des Affaires étrangères et pas au ministère de la Défense.

Cela dit, je vais faire un petit exposé sur la rénovation actuelle de la JAPD, mais je serai prêt à répondre à vos questions et à écouter vos suggestions. Un exposé en deux parties. Premièrement, quelques statistiques concernant la JAPD à l’étranger, donc, la JAPD qui vous concerne. Puis, la rénovation qui m’amène ici pour vous parler de ce que nous sommes en train de faire évoluer dans la JAPD.
Les « résultats » de la JAPD à l’étranger nous sont communiqués par les postes d’ambassades directement à la Direction du service national. En 2009, ont été convoqués 5 900 jeunes et il y a eu 2 000 participants, soit un résultat de 30 % que l’on peut lire comme étant faible, mais que l’on peut lire – je vous le dis tout de suite – comme n’étant pas si mal que cela.

La répartition géographique montre qu’effectivement en Afrique et en Europe, on a des résultats tout à fait convenables par rapport à ailleurs. Je le mets sur le fait, notamment en Afrique, d’une certaine proximité, d’une certaine culture et d’une densification de la population française militaire à travers les militaires d’active qui sont dans la coopération. A titre d’information, j’ai le détail poste par poste et site JAPD par site JAPD à jour pour 2009. A partir de maintenant, un certain nombre de postes dispose d’un logiciel qui leur permet de nous envoyer directement des statistiques immédiatement exploitables et qui sont très intéressantes, en particulier pour la participation des JAPD des binationaux. On pourrait croire que les binationaux sont encore moins intéressés que les nationaux franco-français. Ce n’est pas sûr. Je n’ai pas exactement les statistiques de participation, mais j’ai les statistiques de convocation. La moitié sont des binationaux, globalement. Les taux d’absentéisme sont dus à un certain nombre de paramètres que nous analysons très différemment par rapport à ce qui se passe en métropole, puisque s’agissant de cette dernière, on a 90 % de participation. En général, les 10 % restants sont reconvoqués. Là, on a 50 %. Les taux de participations faibles et qui doivent être augmentés sont dus aux distances – on en est conscients – également aux coûts, puisque l’ensemble des coûts est à la charge du ministère des Affaires étrangères et européennes(cf. le coût des transports), mais également à la motivation individuelle des gens qui en sont chargés dans les différents postes et, il faut le dire aussi, à la motivation des éventuels participants à la JAPD. Mais il s’agit du même phénomène qu’en France.
Voilà ce que je voulais dire sur ces statistiques concernant la JAPD à l’étranger.

La rénovation que nous avons lancée depuis six mois arrive à maturation et on va commencer à la mettre en œuvre. Comme on est à la mode, on va commencer par l’expérimenter plutôt que de la mettre en œuvre avant de l’expérimenter.

Au mois de septembre dernier, à l’occasion de la sortie du Livre blanc sur la Défense et la sécurité, l’existence même de la JAPD a été confirmée. C’est une première chose et je suis au premier rang des personnes qui ont participé à l’élaboration de ce Livre blanc. Mais, comme je l’ai indiqué dans le titre du Livre blanc, le Livre blanc a changé de configuration, puisque ce n’est plus un Livre blanc sur la Défense, mais sur la Défense et la sécurité au sens où la Défense n’est pas qu’une affaire d’armée, mais également une affaire militaire. Aussi, la sécurité est une affaire globale. Il était donc évident qu’il ne fallait pas rester cantonné à la Défense. Donc, nous sommes en train d’adapter le message que nous passons aux jeunes Français, aux jeunes nationaux sur la Défense étendue à la sécurité surtout collective.

Une fois que l’on m’a demandé de rénover et d’adapter le discours, j’ai pris l’opportunité de faire autre chose, de faire plus, parce que – comme je vous l’ai indiqué tout à l’heure – la JAPD a 11 ans. Donc, c’est le moment, me semble-t-il – même s’il y a eu des adaptations qui n’ont pas été neutres – de donner un petit coup de balai pour enlever une partie de la désuétude du message et du support. Sur le support, vous comprenez bien que les DVD aujourd’hui nous, on trouve cela bien, mais nos enfants ne savent même plus ce que c’est. Pour eux, ce sont des 33 tours. Il est évident que l’on va mettre tout cela à jour pour donner de la souplesse et pour donner un côté plus moderne de la JAPD.

Nous rénovons le message. Nous allons rénover la pédagogie en essayant de faire en sorte qu’elle soit la plus interactive possible. Je vous rappelle qu’en France en général, les intervenants sont tous militaires. Ce sont des militaires qui déroulent le menu et qui font l’instruction. Quand on fait de l’instruction civique, les jeunes ont eu leur instruction civique. Il s’agit de leur redire la même chose d’une façon différente et surtout avec des acteurs différents. Et enfin, comme je le disais à l’instant, nous rénovons les supports.
Pour être pratique et pour gagner des effectifs et donc réduire les coûts, je m’inscris totalement dans la démarche du gouvernement actuel, de l’Etat, qui consiste à faire en sorte que l’on fasse le recensement via Internet, que j’établisse le dialogue qui aujourd’hui se fait par 1,4 million imprimés par an. Je souhaite faire des économies de timbres et que tout cela se fasse au maximum par Internet : les convocations aux JAPD, le dialogue pour changer les dates, puisqu’en général on a quand même 250 000 contacts avec des jeunes qui nous demandent de changer la date ou le lieu de convocation. Cela, nous allons également le faire par Internet, ce qui n’était pas possible jusqu’à maintenant, parce que l’on avait commencé par le format papier. Donc, une fois que l’on a commencé par le format papier, repasser à Internet devient difficile. Le réflexe des jeunes aujourd’hui est de passer par le téléphone. C’est bien, mais ce n’est pas pratique. Passer par Internet pour l’ensemble du dialogue avec les jeunes, mais également pour que les jeunes puissent se renseigner sur le site Internet de la Défense. Nos jeunes vont avoir un espace JAPD. C’est important, parce que ce site Internet sera consultable de partout. Il n’y aura pas besoin d’être en métropole. De même, il y aura un espace privé pour les intervenants donc, pour nos Français – militaires ou scolaires, professeurs d’école, intervenants ou diplomates, qui pourront aller chercher des éléments sur le site sur lequel moi, je vais mettre la documentation qui, pour l’instant, était une documentation DVD, voire papier. Il s’agit de la première série de réorganisations que je mène sur la JAPD.

La deuxième série de réorganisations est lourde. Il s’agit, pour moi, d’assurer une rentabilisation de cette journée qui coûte cher. Mais ce n’est pas une rentabilisation Défense que je recherche. Comme c’était la seule façon que l’Etat a de rencontrer tous les Français à un moment donné assis sur des sièges, il faut demander à tous les ministères ce qui les intéresse. Cela est vrai à l’étranger et encore plus probablement à l’étranger pour les consulats de réunir une fois au moins la totalité de la population.

Il y a le pendant, l’avant et l’après JAPD.

Pendant la JAPD, il y a une chose que nous ne changeons pas ou peu, c’est qu’il y avait déjà une instruction, par exemple, sur les gestes élémentaires de secourisme. Cela n’a l’air de rien ; cela n’a rien à voir avec la Défense, mais le but n’est pas d’avoir quelque chose en rapport avec la Défense. C’est quand même un acte citoyen de savoir quoi faire lorsque l’on découvre quelqu’un qui est blessé. Donc, on va continuer à faire cela, même si l’on peut penser que cela pourrait être fait par quelqu’un d’autre, en particulier par l’Education nationale. L’Education nationale a pour projet de reprendre le flambeau, mais il n’est pas inutile de répéter certaines choses deux fois. Donc, on va décider si l’on maintient, après que l’Education nationale ait repris le flambeau, mais pour l’instant, c’est nous qui le faisons. Comme il faut là aussi se mettre au goût du jour, j’ai fait intégrer à cette séance de secourisme la mise en œuvre du défibrillateur qui devient, en France mais probablement aussi à l’étranger, une cause importante au vu de la multiplication des défibrillateurs dans les espaces publics. De même, on fait un test de détection de difficultés de lecture qui est entièrement automatisé depuis un an, qui est remarquable.

Automatisé, cela veut dire que ce n’est plus par écrit comme ceux qui ont fait les trois jours l’ont connu, mais c’est sur la base du principe du passage du permis de conduire, avec des questions-réponses, au moyen d’une télécommande. Les jeunes sont très à l’aise avec cela. Nous obtenons des résultats, mais c’est un test qui aujourd’hui est littéraire. L’Education nationale m’a demandé de rajouter un test à dominante de numéracie. J’ai découvert le terme de « numéracie » donc, en clair de maniement des chiffres. Nous allons donc intégrer un test de numéracie à partir de l’été 2011, car cela est un petit peu long à mettre au point.

Avant, il était inscrit dans la loi – et la loi n’avait pas été du tout appliquée – que les Français devaient avoir fait une visite médicale avant de venir à la JAPD et apporté un certificat pour ensuite participer à la JAPD et obtenir leur certificat de JAPD. Cela n’a jamais été appliqué. Je sais pourquoi, mais ce n’est pas la peine de s’étendre. En clair, il n’y avait pas d’argent. Je suis en contact avec le Cabinet et avec les services du ministère de la Santé et nous allons faire en sorte que cela se fasse. C’est là aussi, me semble-t-il, un investissement, parce que pour faire passer 760 000 visites médicales par an auprès du médecin référent, d’un médecin qui, en principe, connaît le jeune qu’il reçoit pour lui parler d’un certain nombre de problèmes que connaissent les jeunes, des addictions, etc., je pense que cela aura un effet bénéfique pour les dépenses de santé 10 ou 20 ans plus tard. Détecter une maladie ou une addiction à 20 ans évite de la soigner à grands frais 10 ou 20 ans plus tard. Nous allons essayer de le mettre en place, mais c’est très compliqué. L’idée est de lier cette visite médicale à la convocation aux JAPD. J’ai obtenu du ministère de la Santé, qui n’était pas favorable, que ce soit moi qui envoie la convocation médicale. En fait, c’est un coupon détachable – même s’il est informatique – de la convocation à la JAPD. Le médecin le tamponnera pour dire qu’untel a bien effectué sa visite médicale. On va essayer de mettre cela en œuvre via une expérimentation sur cinq départements à partir de la fin de l’année.

L’après, c’est que nous faisons passer un test de difficultés de lecture à nos 760 000 Français qui viennent aux JAPD. On en a actuellement 10 % d’échec à ce test, soit environ 80 000 jeunes. Faire passer des tests, pour faire des statistiques, alors évidemment les statistiques sont un remarquable outil de contrôle de gestion du ministre de l’Education nationale par rapport à ce que fait cette dernière. Le ministre de l’Education nationale est très friand des statistiques que nous leur apportons qui, au passage, recoupent exactement celles faites par le ministère de l’Education nationale. Pour l’instant, nous avons – sans vouloir décourager les bonnes volontés – de mauvais résultats sur le traitement individuel des cas que nous détectons. Quand un jeune échoue, il y a plusieurs possibilités. Soit il est encore scolarisé et on ne fait que signaler à l’inspection de l’académie concernée que ce jeune-là ne sait pas lire. L’inspecteur d’Académie pouvait déjà le savoir, auquel cas, il avait déjà pris les mesures, autant que faire se peut, pour essayer de l’aider. Soit il ne le savait pas et, en général, il y a un déni, parce que les professeurs n’acceptent pas vraiment que des militaires leur expliquent qu’un de leurs élèves ne sait pas lire. Ils ont raison. Soit ils ne l’avaient pas détecté, mais j’en doute, soit c’est parce que le jeune peut s’être sabordé. Il s’en moquait, quoiqu’il n’y ait plus le service militaire derrière donc, il n’a plus de raisons de s’en moquer. En tout cas, ces signalements, nous allons en changer le contexte. Ceux qui n’étaient pas scolarisés, nous étions obligés de leur demander leur autorisation pour signaler leur cas, principalement aux missions locales. Vous savez qu’à partir du mois de septembre prochain va se mettre en place en France un réseau de plateformes de décrochage qui sera sous l’autorité des préfets, qui pourra coordonner l’action des missions locales, celle de l’Education nationale et celle du Pôle Emploi au sujet de chaque jeune. Il s’agit de savoir ce qu’il faut faire d’un jeune qui est détecté comme étant en difficultés par tout le monde.
Avec ces plateformes, j’ai l’occasion d’approvisionner la plateforme en nombre de jeunes que nous avons détectés en difficultés de lecture ou en difficultés d’insertion professionnelle – puisque nous leur posons la question. On demande aux jeunes de remplir un papier. Un certain nombre d’entre eux réussissent les tests de difficultés de lecture, mais nous avouent ne plus être scolarisés et ne plus rien avoir. Nous allons pouvoir signaler le cas de ces gens-là aux plateformes de décrochage. Nous allons faire « front commun » avec le ministère du Travail, le ministère de la Jeunesse, le ministère de la Défense et le ministère de l’Education nationale pour présenter un dossier de transmission des 80 000 noms aux plateformes de décrochage pour ne pas que la CNIL refuse que nous transmettions ces dossiers. En effet, c’est quand même un sujet relatif à la liberté individuelle sur lequel il faut être particulièrement vigilant. Donc, on ne transmettra que le nom et pas beaucoup plus.

Je voulais absolument rentabiliser ces tests de détection de difficultés de lecture, puisqu’on s’apercevait qu’entre ceux que l’on signalait à l’Education nationale et ceux que l’on ne signalait pas du tout parce que le jeune ne voulait pas, finalement, on n’avait que 20 % des jeunes détectés en difficultés de lecture dont nous assurions ensuite un suivi, ce qui n’est quand même pas une rentabilité extraordinaire. Donc là, on va vers 100 %.

Nous allons recevoir individuellement lors de la JAPD tous les jeunes détectés en difficultés. Nous allons les informer, mais j’ai tenu à ce que l’on informe également la totalité des Français sur les dispositifs d’insertion professionnelle, puisqu’il s’agit de cohésion nationale. Celui qui est à l’aise, qui n’a pas de problème, qui à 17 ans est en prépa à Sciences politiques, c’est quand même bien qu’il écoute ce qu’on lui raconte dans le domaine de l’insertion professionnelle, surtout après avoir constaté que son petit camarade d’une journée a passé la totalité des tests – soit 25 minutes – avec le nez levé sans appuyer une seule fois sur la télécommande. C’est peut-être la première fois de sa vie qu’il voit cela. Si on lui montre qu’ensuite l’Etat explique et met en œuvre un dispositif d’insertion professionnelle et si ce jeune entend pour la première fois de sa vie parler des missions locales, de l’insertion professionnelle, du Pôle Emploi et des plateformes de décrochage, ce sera finalement cela de gagné, mais pas uniquement pour les décrocheurs – terme que l’on emploie pour parler de ceux qui ont décroché.

Nous allons faire participer les missions locales aux réceptions individuelles des jeunes. Enfin, puisque vous savez que la loi sur le service civique vient de paraître, nous allons également délivrer une information sur les possibilités offertes aux jeunes en termes de service civique. Les Anglais ne l’ont pas formalisé, mais c’est l’année sabbatique anglaise, sachant que le service civique ne s’applique pas seulement aux jeunes en difficultés, il s’applique à tout le monde.
Voilà pour la rénovation de l’avant, du pendant et de l’après de la JAPD.

Sur le fond, je vous remontre le programme qui, tel qu’il apparaît là, ne varie pas tellement par rapport au programme d’aujourd’hui. Il a trois modules.

Si vous me le permettez, je commence par le deuxième qui parle de la justification de l’effort de défense français, parce qu’il est quand même important de parler de la défense.

Le troisième module parle des métiers de la défense. Il faut savoir que c’est stratégique. Pourquoi les métiers de la Défense ? Parce que les armées me disent à moi, Directeur du service national, qu’elles font des statistiques dans leurs propres rangs auprès des jeunes militaires engagés des trois armées et de la gendarmerie. Les quatre recruteurs de chacune de ces armées me donnent à peu près les mêmes statistiques et me disent que 50 % des jeunes qui sont chez nous annoncent avoir entendu pour la première fois parler des métiers militaires à l’occasion de la JAPD. Cela remplace évidemment toutes les campagnes de recrutement. Cela initie, du moins, l’ensemble de l’information de tous les jeunes et pas uniquement ceux qui sont attentifs et qui recherchent déjà quelque chose. Cela initie en particulier vers les jeunes qui ont le plus de difficultés que nous nous faisons l’honneur de recruter, puisque l’on a la chance de ne pas passer par les concours de l’administration et que l’on n’est pas obligés, pour un poste N, de prendre un bac +2 si le concours recrutent des bac +2. Donc, légitimation de l’effort de Défense et information sur les métiers militaires.

Mais – et j’aurais dû commencer par cela, on commence d’ailleurs par cela le jour de la JAPD – une information et une sensibilisation aux droits et aux devoirs des citoyens. Vous avez entendu récemment le débat sur l’identité. En fait, on fait un cours complémentaire d’instruction civique, qui n’est pas délivré par un professeur de l’Education nationale, mais par un sergent qui a 22 ans, un adjudant qui a 30 ans ou par un lieutenant-colonel de réserve qui peut avoir 40 ou 50 ans. On évoque aussi les principes de la République, les principes du vivre ensemble qui sont les mots en cours actuellement pour parler de cette affaire, mais aussi toutes les possibilités d’engagement en présentant aux jeunes un leitmotiv bien connu : « Pensez à ce que vous pouvez faire pour la société et non pas ce que la société peut faire pour vous ». Tous les engagements possibles vers la Croix rouge, vers Emmaüs, vers les causes humanitaires, vers les armées à travers les réserves, vers les bénévolats ou vers les pompiers sont évoqués et sont suscités.

Au passage, vous voyez que l’on appuie beaucoup sur le côté citoyenneté. Grâce au Sénat, initialement, puis à l’Assemblée nationale, la loi vient de changer à l’occasion du passage de la loi sur le service civique. L’appellation de la JAPD deviendra, à partir du moment où l’on va lancer la réorganisation officiellement, Journée de défense et de citoyenneté, JDC. D’ailleurs, nous allons essayer de rajouter un petit peu plus de solennité, parce que l’on pense qu’il en faut dans la société. Dans les salles, nous allons mettre un drapeau français, puisque ce n’est pas le cas pour l’instant. Pourquoi ne pas mettre également une Marianne. A la fin de la journée, probablement que la participation d’élus locaux sera demandée ; lesquels trouveront un intérêt de rencontre avec leur jeunesse et, pour être factuel, avec leurs futurs électeurs afin qu’ils remettent le certificat de JAPD, pour ne pas évoquer éventuellement la remise de la carte d’électeur. Ceci est relié à un autre projet que j’appelle projet BEAUDOIN, qui est préparé sous mandat du Président de la République, par le député BEAUDOIN, maire de Saint-Mandé, qui réfléchit à un parcours des jeunes. Je ne peux vous en dire plus, parce qu’il doit le présenter le 15juin prochain au Président de la République. Il a réussi à en parler pendant une heure hier à une assemblée sans rien dire. Je serai peut-être moins bon que lui. L’idée est de préparer un parcours qui parle de la citoyenneté et de la défense avec des étapes, dont la JDC sera un des pions centraux. Il y aura des choses avant et des choses après avec des étapes dont la remise de la carte d’électeur, ce qui me paraît être un symbole fort dans le développement de la citoyenneté française.

Voilà ce que je voulais vous dire. Je suis bien conscient que cette rénovation concerne à 90 % le territoire national, mais, bien entendu, les Français de l’étranger, nationaux ou binationaux, seront concernés au premier chef par cette rénovation parce que les produits vont changer. Je crois que dans certains cas cela sera facilité par l’accès Internet dont je parlais tout à l’heure.

Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.

(Applaudissements).