Formation en accueil interculturel pour les agents du réseau consulaire

Session de mars 2018 - Question orale n°11 de Mme Anne HENRY-WERNER conseillère consulaire (Francfort), et conseillère à l’AFE (Allemagne, Autriche, Suisse, Slovénie, Slovaquie)

Certaines sections consulaires, comme celle de Berlin, en Allemagne ont déjà initié quelques réflexions pour améliorer et renforcer la compétence interculturelle des personnels d’accueil du consulat et a notamment mis en place un système d’entraide entre agents et d’autoformation en contexte franco-allemand.

Créant un espace de compréhension mutuelle et de véritable dialogue dénué de préjugés, la compétence interculturelle fait appel à des compétences sociales et met en œuvre des ressources d’écoute et d’échange. Son acquisition et sa pratique, qui dépassent largement les savoirs linguistiques, donnent accès à des services publics mieux adaptés à la réalité plurilingue et multiculturelle mais aussi et surtout à la diversité de nos sociétés.

Cette approche est-elle soutenue, voire exigée, à l’échelle mondiale par le MEAE et si oui de quelle manière, avec quels référentiels et quels outils ?

Au cas où cette approche ne relève encore que d’initiatives locales, une réflexion pourrait-elle être engagée sur le sujet ? Et sur quel horizon ?

L’interculturalité est, depuis longtemps et avant même l’invention du mot, par construction au cœur des métiers diplomatiques et consulaires qui ont pour vocation de rapprocher les nations et les cultures tout en défendant les intérêts de notre pays et de ses ressortissants. Les personnels des affaires étrangères ont l’opportunité lors de leurs différentes affectations de côtoyer des interlocuteurs aux origines et aux parcours variés tant parmi leurs collègues que parmi les publics qu’ils reçoivent. Cette diversité du quotidien, tout comme la somme des expériences accumulées au fil de leur carrière et la curiosité naturelle qui les poussent à choisir ces métiers, sont le gage d’une ouverture à l’autre et à ses différences. A Berlin comme ailleurs, l’interculturalité est une réalité quotidienne dans la vie des agents de la section consulaire - la formation de ces agents est donc continue, informelle et cumulative – un agent expatrié pouvant avoir plus une dizaine d’affectations différentes dans le réseau au cours de sa carrière et un agent de recrutement local étant souvent plus ancré dans le terreau local.

Ce travail de concertation et d’échange qui constitue l’interculturalité participe d’une démarche qui ne peut se comprendre que dans le cadre d’un partage et d’une bienveillance mutuelle. Il ne saurait toutefois être considéré que les agent du MEAE adoptent une posture d’ouverture de manière unilatérale. En effet, bien que tous différents, les Français ont ceci en commun d’être Français et partagent une communauté de principes et de valeurs s’inscrivant dans une communauté de destin. Cette proximité constitue, tout comme elle le fait en France, le socle constitutif de la relation entre l’administration et ses usagers. La République ne fait pas de différence entre les citoyens et de même qu’elle ne reconnait qu’une seule langue, elle traite chaque Français sans les distinguer, sans aménager d’« accommodements raisonnables » qui viendraient organiser ses relations avec une communauté ou une autre.

L’administration consulaire, même si elle a une ouverture naturelle à la différence, n’adapte donc pas les modalités de ses réponses ou de son accueil en fonction d’une religion, d’une couleur ou d’une région d’origine – sauf à ce que ces modalités soient expressément prévues par le législateur – ce serait sinon discriminatoire.

ORIGINE DE LA REPONSE : MEAE/DFAE/SFE/ADF