Faux étudiants chinois en France

Session plénière septembre 2013 - Question écrite de M. Francis NIZET, membre élu de la circonscription électorale de Tokyo

QUESTION

Dans son édition du 17 août, l’hebdomadaire Marianne consacrait un article sur le « trafic des faux étudiants chinois ».
Revenant sur les années passées, le journaliste y rappelle l’affaire de Toulon en 2009 lorsque des dizaines d’étudiants chinois, ne parlant pas un mot de français, réussissaient à obtenir leurs diplômes en les achetant pour quelques milliers d’euros. Le Président de l’Université fut radié de la fonction publique et condamné. De son côté le Président de l’Université Paris XIII découvre l’existence d’un système de trafic d’inscriptions organisé depuis la Chine. Ces faux étudiants s’étant inscrits pour exercer en France un travail clandestin. Récemment un entrepreneur chinois s’est fait arrêter pour avoir créé en France trois écoles de commerce fictives destinées à faire entrer en France des faux étudiants.
Ces affaires ont poussé l’administration à commander un rapport conjoint des Inspections du Ministère des Affaires Etrangères et du Ministère de l’Enseignement Supérieur. Ses recommandations auraient été appliquées à la lettre. Pourtant ce rapport malgré mes demandes répétées n’a toujours pas été rendu public.

Depuis quelques mois, le trafic semble refleurir de plus belle. Une cinquantaine d’étudiants chinois arrivés en France en 2012 à l’Université de Reims ne parlaient pas un mot de français. Les conseillers d’une grande banque se sont étonnés de voir ces étudiants venir à leur agence pour ouvrir des comptes bancaires étudiants sans connaître un seul mot de français, échangeant un traducteur automatique avec le conseiller pour se faire comprendre. De la même façon, les réseaux mafieux chinois semblent avoir remis en place des complicités en Chine pour opérer.

L’accueil des étudiants chinois en France est impérieux, nul ne le conteste. Mais les retours d’influence escomptés avec ces échanges sont annihilés par la piètre image que donne notre pays en faisant preuve d’un relâchement sur le contrôle de ces flux. Il ne faut pas oublier que la majorité des étudiants chinois arrivés en France avec un excellent niveau se plaignent que la valeur de leurs diplômes français soient dévalorisés par ces abus. Les filières mafieuses sont de notoriété publique en Chine, tous les étudiants chinois savent qu’en déboursant plusieurs milliers d’euros auprès d’« agences chinoises » ils obtiendront le sésame.

Les deux Ministères français concernés, le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère de l’Enseignement Supérieur, comptent-ils, dans un souci de transparence, publier le rapport conjoint des deux inspections de façon à permettre aux élus de la représentation nationale de vérifier que les recommandations du rapport ont été effectivement appliquées ?

Il en va de la crédibilité de notre administration et de notre système universitaire de faire cesser les abus en ce domaine.

Quels sont les axes retenus par l’administration des deux ministères pour améliorer le contrôle de la qualité des étudiants chinois accueillis en France en tenant compte des enjeux financiers extrêmement importants de ce trafic ?.

REPONSE

Le rapport des inspections générales des affaires étrangères et de l’enseignement supérieur et de la recherche, produit en février 2011 n’a pas, comme tout document de ce type, vocation à être rendu public. Les mesures préconisées par ce rapport ont été, pour ce qui relève de la compétence directe du ministère des affaires étrangères, largement appliquées.

Elles concernent notamment :

  • la fiabilisation des tests officiels de langue française proposés obligatoirement aux candidats à un séjour d’étude en France : celui de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (TEF) et celui du CIEP (TCF). Cette fiabilisation passe par un rythme d’actualisation plus fréquent des tests afin d’éviter au mieux les risques de fraude, et aussi par l’instauration du tirage au sort entre les deux tests afin que les candidats ne connaissent pas, par avance, le type de questionnaire auquel ils vont être soumis ;
  • la systématisation de l’examen d’expression orale avec les candidats lors de leur rendez-vous à l’espace Campus France Celui-ci se pratique uniformément dans les 13 espaces et antennes implantés sur l’ensemble du territoire chinois ;
  • l’authentification du dernier justificatif académique obtenu par une agence du ministère chinois de l’éducation (CDGC) ;
  • une coopération accrue de l’ambassade de France en Chine pour la promotion de l’enseignement du français, y compris dans les lycées. L’Année linguistique croisée franco-chinoise organisée par celle-ci en 2011-2012 en est une bonne illustration. Elle a permis de dénombrer près de 100 000 élèves apprenants de français dans l’enseignement secondaire. Le suivi de ces futurs étudiants est un des objectifs de l’Ambassade afin de pouvoir, au travers des actions de promotion des espaces Campus France au plan national, fidéliser cette population, non seulement à la pratique de notre langue mais également de notre enseignement supérieur.

Il est possible, par conséquent, d’affirmer que dans l’extrême majorité des cas, le contrôle des flux étudiants sur le volet linguistique s’est renforcé. Le poste continue par ailleurs de développer une politique de recrutement qui repose sur des objectifs qualitatifs : attirer davantage d’étudiants en mobilité encadrée et aux niveaux master et doctorat./.

ORIGINE DE LA REPONSE : MAE/DGM/DCUR/ES

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